vendredi 26 avril 2024
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    Violences envers les femmes à Monaco : « Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de profil type de victimes »

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    La question des violences faites aux femmes à Monaco fait, depuis 2019, l’objet de statistiques précises diffusées publiquement. La dernière étude en date a été dévoilée par l’IMSEE le 23 janvier dernier et montre des chiffres en hausse en 2022 par rapport à l’année 2021. Céline Cottalorda, déléguée interministérielle pour la promotion et la protection des droits des femmes, livre son analyse sur le profil des victimes et des auteurs de violences en principauté. Le comité qu’elle préside va également se rapprocher des médecins de ville, des pharmaciens et des avocats monégasques pour mieux les sensibiliser à cette cause.

    L’IMSEE a publié le 23 janvier dernier les chiffres des violences faîtes aux femmes en principauté sur l’année 2022. Que dire sur ces dernières données ?

    33 cas de violences commises envers les femmes ont été recensés par la Sûreté publique en 2022 (contre 23 en 2021). Dans 55 % des cas, il s’agit de violences physiques et dans 14% de violences sexuelles. Plus de la moitié des violences sont commises par le conjoint ou ex-conjoint de la victime.Année après année, cette étude permet de se rendre compte que ce phénomène existe même à Monaco. Cela m’inspire aussi qu’il faut continuer à lutter contre les violences tant qu’il y aura des victimes et à permettre la libération de la parole.

    Quel est le profil des victimes en principauté ?

    Selon les chiffres de la police, les femmes victimes de violences sont âgées de 41 ans en moyenne. Pour l’essentiel, elles sont de nationalité monégasque ou française. Contrairement aux idées reçues, il n’existe pas de profil type de victimes. Le niveau social ou la nationalité ne changent rien. Potentiellement, chaque femme peut être concernée un jour, à Monaco comme ailleurs. En revanche, il existe des moments critiques où le risque de passage à l’acte est plus fort comme l’annonce de la séparation ou la naissance d’un enfant.    

    Quel est le profil des auteurs de violences à Monaco ? 

    S’agissant des auteurs, on est sur un âge moyen de 48 ans à Monaco selon les chiffres de la Sûreté publique. Les comportements d’addiction à l’alcool ou la drogue accentuent les risques de violences. On retrouve souvent dans la stratégie d’emprise de l’auteur, la volonté d’isoler sa victime, la dévaloriser et la dominer.

    Les auteurs de violences conjugales à Monaco ont désormais l’obligation — si le juge l’ordonne — de suivre ce que l’on appelle “des stages de responsabilisation”. Ceux-ci ne se dérouleront pas en principauté mais dans les Alpes-Maritimes. Combien d’hommes en principauté ont été condamnés à devoir suivre ce type de stage ?

    Le dispositif est en cours de finalisation. Nous y travaillons avec la direction des services judiciaires. La secrétaire d’État à la Justice, Sylvie Petit-Leclerc avec ses équipes, a pris l’attache des juridictions des Alpes-Maritimes afin de pouvoir inscrire prochainement des hommes condamnés pour violences conjugales en principauté.

    En quoi ces stages sont-ils nécessaires ? Comment se déroulent-ils concrètement ?

    Ces stages constituent un outil pour prévenir la récidive, faire prendre conscience aux auteurs de leur comportement et améliorer leur reconnaissance d’un fonctionnement violent. Dans les Alpes-Maritimes, les stages se déroulent en général sur 2 jours ou 2 jours et demi et en groupe.

    À ce jour, combien d’hébergements d’urgence sont disponibles à Monaco, ou en France, pour les femmes de la Principauté victimes de violences ? Et où sont-ils situés ?

    C’est la DASO qui gère ces hébergements mais pour des raisons de confidentialité et de sécurité, la localisation des lieux d’accueil et leur nombre ne peuvent pas être divulgués. La DASO aide d’abord à trouver des solutions d’urgence pour pouvoir mettre à l’abri les victimes de violences. Des professionnels sont formés et mis à disposition : psychologues, assistantes sociales, éducateurs spécialisés, conseillères en économie sociale et familiale…et travaillent en lien avec les différentes associations de la Principauté comme l’AVIP. Puis la DASO évalue la situation de la personne et trouve la réponse adéquate à sa problématique : logement, accompagnement psychologique, suivi social…

    Céline Cottalorda Droits des Femmes
    © Manuel Vitali / Direction de la Communication

    Combien de femmes bénéficient de ces logements d’urgence à l’heure actuelle ?

    La DASO intervient auprès de toutes les personnes établies sur le territoire monégasque. Chaque année, une quinzaine de femmes sont prises en charge sur le plus ou moins long terme. 

    Le territoire de la Principauté est extrêmement exigu. Comment l’éloignement d’un conjoint violent est-il géré à Monaco ?

    L’éloignement d’un conjoint violent se fait par le biais d’une ordonnance de protection décidée par le président du tribunal de première instance. C’est ensuite la Sûreté publique qui est chargée d’assurer une vigilance au cas où l’auteur ne respecterait pas la mesure. Même si le territoire est petit, cette taille et le niveau élevé de sécurité de Monaco sont des atouts. S’il y a un manquement au respect de la décision de justice, la victime peut également de son côté à nouveau déposer plainte à la police. En 2021 et 2020, une ordonnance de protection a été prononcée et deux en 2019.

    Des actions de sensibilisation sont-elles menées auprès des jeunes générations sur ce sujet des violences faites aux femmes ? 

    Des interventions sont faites dans les écoles car sensibiliser les plus jeunes est absolument nécessaire. Ces actions sont menées notamment par des associations comme Action innocence et par les services de l’État. Grâce à la direction de l’Education nationale, de la jeunesse et des sports, avec l’AVIP, la DASO et la Sûreté publique, nous avons eu l’occasion d’échanger avec des élèves de classes de terminale le 25 novembre dernier. Nous avons senti un réel intérêt de la part de ces jeunes. Ce qui incite à organiser d’autres rencontres de ce type dans l’avenir.

    La police et la justice monégasque ont-elles été mieux formées ces dernières années pour prendre en charge les femmes victimes de violence ?

    La formation initiale ou continue est un des piliers pour lutter contre les violences intrafamiliales. Depuis 2019, le comité pour la promotion et la protection des droits des femmes organise des formations à destination des professionnels ayant à traiter des violences conjugales. Nous avons déjà formé plus de 250 personnes. Le personnel de la Sûreté publique y participe naturellement et continue à suivre ces formations. Nous avons aussi prévu une session pour les élèves agents et lieutenants de police. Enfin, des représentants de la Direction des services judiciaires ont été formés et une journée va être à nouveau organisée en 2023.

    En France, un dispositif a été mis en place depuis 2013 : le “Téléphone Grand Danger”. Sur décision judiciaire, le procureur de la République attribue à une victime ce téléphone. Celle-ci peut l’activer en situation de danger pour déclencher l’intervention de la police si nécessaire. Y a-t-il un dispositif équivalent à Monaco ? Ou bien est-il envisagé de le mettre en place ?

    Ce dispositif n’a pas d’équivalent à Monaco mais des réflexions ont été engagées sur le sujet. Tout moyen permettant d’améliorer la prévention et la lutte contre les violences faites aux femmes doit être exploré. C’est dans cet esprit que Monaco a travaillé pour la mise en place des stages de responsabilisation des auteurs de violences. Récemment, Monaco a été intégré dans l’application « App-elles » disponible dans 13 autres pays. Cet outil permet d’alerter des proches de confiance en situation de crise. Cela leur permet de savoir où vous êtes, de vous entendre, et si nécessaire d’appeler les secours si vous ne pouvez pas le faire. On retrouve aussi sur cette application toutes les structures d’aides monégasques. C’est utile pour les victimes mais aussi pour toute personne concernée puisque l’application donne un accès facile aux contacts d’urgence pour les communiquer à quelqu’un ou se proposer comme tiers de confiance si une personne de son entourage en a besoin.

    D’autres dispositifs vont-ils être mis en place à l’avenir en principauté par le comité que vous présidez pour lutter contre les violences faites aux femmes ? 

    Le comité va prochainement se rapprocher des médecins de ville et des pharmaciens pour les sensibiliser et leur permettre de détecter et d’orienter les victimes. J’aimerais également pouvoir organiser une session pour les avocats qui sont un des maillons importants de la chaîne. L’ancien bâtonnier, Me Bergonzi, y était très favorable. L’idée est de donner une culture commune à toutes les personnes qui peuvent être en contact avec des victimes de violences. 

    Au-delà de lutter contre les violences faites aux femmes, le comité que vous présidez a d’autres combats ?

    L’autre mission du comité étant la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes, l’amélioration du statut de la femme et de sa condition font partie des priorités. Dans ce domaine, il reste encore du chemin à parcourir pour faire bouger les lignes, même si beaucoup a déjà été fait. En matière de droits par exemple, les femmes salariées devraient pouvoir bénéficier du statut de cheffe de foyer et les femmes travailleuses indépendantes d’un congé maternité. Dans le quotidien, ce sont les femmes qui continuent à avoir la charge mentale pour s’occuper des tâches domestiques et des enfants. L’allongement du congé paternité et la mise en place d’un congé parental font partie des solutions pour faire évoluer les mentalités. Enfin, augmenter la participation des femmes à la décision stratégique en ayant plus de femmes dans les conseils d’administration ou en comité exécutif, là où se prennent les décisions structurantes, serait un progrès en matière d’égalité. Comme nous l’avons dit dans une campagne du comité : tout le monde a sa place à la table des décisions !

    Les relais – Victimes de violences : qui contacter à Monaco ?

    Si une femme est victime de violences en Principauté, à qui doit-elle s’adresser ? Plusieurs solutions existent à Monaco. En cas d’urgence, une femme victime peut contacter la police, les pompiers ou se rendre au CHPG. Pour un besoin d’information, un numéro vert existe : le 0800 91 90 10. « D’autres entités peuvent apporter une aide et un soutien comme la DASO qui a une équipe spécialisée dans les violences de genre et/ou intra-familiales. Cette direction est ouverte du lundi au vendredi de 9h30 à 17h », rajoute Céline Cottalorda. Enfin, l’association d’aide aux victimes d’infractions pénales (AVIP) propose conseil, aide dans les démarches et accompagnement pour les victimes. Elle peut assurer aussi une mise à l’abri dans un hébergement pendant les heures de fermeture de la DASO. La Croix-Rouge vient également en aide aux personnes victimes de violences par un soutien pécunier par exemple. Autre possibilité : les femmes victimes de violences peuvent toujours se signaler auprès des pharmacies monégasques. « Ce relai qui avait été mis en place au moment du premier confinement est toujours possible », assure Céline Cottalorda. Le mail d’alerte : sos-violences@gouv.mc (en complément du 17 et du 93 15 30 15) est également toujours actif. 

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