jeudi 18 avril 2024
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    Christophe Barraud
    Ses prévisions macro-économiques

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    Désigné par l’agence d’information financière Bloomberg comme le meilleur prévisionniste au monde pour l’Amérique, la Chine et la zone Euro, l’économiste français de 34 ans Christophe Barraud a été invité mi-juin par le Monaco Economic Board (MEB). Il a livré ses prévisions macroéconomiques pour les mois à venir.

    Reprise de l’activité mondiale

    « La croissance mondiale sera probablement supérieure à 6 % »

    Après une année 2020 chaotique marquée très durement par la crise sanitaire, peut-on espérer une reprise de la croissance mondiale ? Sur ce point, l’économiste Christophe Barraud se montre plutôt optimiste.  « J’anticipe une reprise extrêmement marquée de l’activité au niveau mondial, avec une croissance qui sera probablement supérieure à 6 %. C’est un chiffre que l’on n’avait pas vu depuis très longtemps, indique-t-il avant, toutefois, de nuancer. Cela intervient, rappelons-le, après une chute de l’activité mondiale de l’ordre de 3,3 %, l’année dernière. Soit la plus grosse baisse depuis la deuxième guerre mondiale. » Pour ce spécialiste, l’économie mondiale, au deuxième trimestre 2021, va même « probablement gommer » le choc du Covid.  « On sera revenu à peu près au niveau de PIB d’avant-crise », prévoit-il. Sur quels critères se basent-ils pour afficher un tel optimisme ? Quatre facteurs permettent à ce spécialiste de voir cette éclaircie : l’efficacité de la vaccination et son déploiement de plus en plus rapide, la normalisation des tensions sur le plan du commerce international avec la prise de fonction du président Joe Biden, une politique fiscale ultra-expansionniste, particulièrement aux États-Unis, et enfin une politique monétaire globale « extrêmement accommodante. ».

    Projections

    L’efficacité de la vaccination a créé « un choc de confiance »

    Comme de nombreux experts, Christophe Barraud a salué la performance technologique et scientifique de la vaccination anti-covid. « Déployer un vaccin efficace, parfois à hauteur de 90 %, en moins de 10 mois, est un exploit », affirme-t-il. Au-delà de la protection purement sanitaire, cette vaccination a aussi permis aux économistes, aux entreprises, aux consommateurs, mais aussi aux gouvernements de pouvoir se projeter plus sereinement. Pour toutes ces entités « cela a réellement créé un choc de confiance, indique-t-il. Il faut bien avoir en tête, que les gouvernements commençaient à se poser des questions sur la soutenabilité des dettes, et sur leur capacité à soutenir l’économie dans ce contexte. » Le vaccin a donc ouvert des perspectives et a permis « de légitimer une poursuite des dépenses publiques. » Quant à la distribution des vaccins, bien qu’il y ait eu énormément de critiques dans plusieurs zones géographiques, notamment en Europe, Christophe Barraud rappelle « qu’au niveau mondial, en 4 mois, on a franchi le cap du milliard de doses administrées, et un mois et demi après, on avait atteint le cap des 2 milliards de doses. Cela démontre le cap exponentiel de la distribution des vaccins. » Autre côté positif de la vaccination : elle offre la possibilité de mettre en place « des stratégies comme le passeport vaccinal » qui devrait permettre « un léger rebond de la mobilité internationale dès cet été. »

    L’après Trump

    Commerce mondial de marchandises : Joe Biden a apaisé les tensions

    Quid du commerce international de marchandises ? L’économiste Christophe Barraud a tout d’abord rappelé que ce secteur était en récession entre le 4ème trimestre 2018 jusqu’au deuxième trimestre 2020. Comment l’expliquer ? C’est lié à la fois à des raisons macro-économiques, mais aussi aux incertitudes extrêmement élevées qui provenaient des États-Unis, et plus précisément de l’ancien président Donald Trump. « Ce n’est pas tant la multiplication des droits de douane que Donald Trump a pu mettre en place qui était une contrainte, mais plutôt le caractère imprévisible de sa politique, et le fait qu’à n’importe quel moment, et surtout en début d’après-midi quand il se réveillait sur Twitter, vous pouviez avoir une nouvelle qui tombait avec des pays dans le collimateur. La Chine bien entendu, mais aussi l’Europe, le Japon ou l’Inde. Pour en avoir discuté avec des chefs d’entreprises, cela créait un climat très anxiogène. Beaucoup ont hésité à réinvestir, explique ce spécialiste. L’élection de Joe Biden a permis de normaliser ces tensions. Sa politique ne sera pas forcément plus complaisante vis-à-vis de la Chine mais beaucoup plus prévisible. » L’arrivée de Joe Biden a donc incontestablement apaisé les tensions commerciales, notamment avec l’Europe comme le souligne la trêve du contentieux Airbus-Boeing. Ce changement de présidence a surtout donné une meilleure visibilité aux acteurs économiques, libérés de la menace de tweets imprévisibles… Selon Christophe Barraud, les Américains veulent à présent renouer des relations fortes avec leurs principaux partenaires commerciaux. Objectif : « créer une alliance pour contenir la Chine d’un point de vue économique et géopolitique. » Ce spécialiste mise donc sur un « redémarrage extrêmement marqué » du commerce mondiale de marchandises.

    AVIATION— « Tous les secteurs exposés à la mobilité internationale seront les derniers à revenir au niveau de 2019. » © Photo DR

    Trafic aérien

    Mobilité internationale : pas de retour à la normale avant 2023

    Avec des avions cloués au sol et une grande partie de la planète confinée, 2020 a été une année noire pour le trafic aérien, le secteur du tourisme, et toutes les activités associées comme l’hébergement/restauration ou encore l’événementiel. C’était le cas également à Monaco, dont l’économie est en grande partie tributaire du brassage des populations et des visiteurs internationaux qui viennent sur place. Alors, quand pourra-t-on retrouver un niveau d’activité semblable à celui de l’année 2019 ? Manifestement, il faudra encore être patient… Selon Christophe Barreau, ce ne sera certainement pas en 2021. « La mobilité internationale est quasiment nulle encore aujourd’hui, car il n’y a pas encore la mise en place d’un passeport sanitaire, et qu’il y a encore tout un tas de restrictions. Certes, une logistique va être mise en place dans les pays développés mais pas dans tous les pays du monde. Et l’on reste exposé à des potentiels variants dans des pays émergents. Il est donc très difficile de donner une date », souligne tout d’abord Christophe Barraud. Ce ne sera « certainement pas » non plus en 2022. Pourquoi ? « Car il y aura toute une logique de vaccination à déployer, et si ce déploiement a lieu, cela se fera en 2022 », répond ce spécialiste. Cela nous ramène donc à 2023… « Si l’on essaie d’extrapoler les courbes et de prendre les avis des experts dans le secteur aérien, il semble difficile d’imaginer un retour de la mobilité internationale au niveau de 2019, avant 2023. Ce qui veut dire aussi que tous les secteurs exposés à la mobilité internationale seront les derniers à revenir au niveau de 2019. »

    Augmentation des inégalités

    Le risque d’explosions sociales après la pandémie

    Si la croissance mondiale s’annonce au beau fixe selon Christophe Barraud, la situation n’est cependant pas sans risques. Le prévisionniste pointe — entre autres menaces — la présence de variants susceptibles de changer la donne sanitaire, mais aussi le risque d’explosions sociales. Car en sortie de pandémie, les études montrent qu’il y a un accroissement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres. « Historiquement, cela donne des tensions sociales. Généralement elles apparaissent dans la deuxième année après le début de la pandémie et c’est d’autant plus marqué dans les pays où il y a des événements politiques. On peut donc légitimement penser à la France avec les élections présidentielles en 2022. » Ces inégalités se creusent notamment pour deux raisons. Le surplus d’épargne est concentré sur les ménages ayant les revenus les plus élevés. « Les autres ménages sont mis de côté. Il y a aussi une capacité d’accéder au crédit qui est moindre pour les ménages ayant des revenus plus faibles. Vous avez alors immédiatement un accroissement des inégalités. » Dans les pays émergents aussi, le risque de vives tensions sociales peut également émerger mais pour une autre raison : la flambée des prix de l’alimentation. « Celle-ci a été impressionnante. Si l’on regarde les niveaux en rythme annuel, on est sur 40 % de hausse par rapport à mai 2020. La dernière fois que l’on a connu cela, c’était en 2011, juste avant les révolutions du Printemps arabe », constate Christophe Barraud.

    “Fiscal impulse”

    Des dépenses publiques massives pour contrebalancer le choc du Covid

    Une des raisons pour lesquelles Christophe Barraud mise sur une croissance mondiale à 6 %, c’est aussi parce que dans les pays développés, les gouvernements ont décidé majoritairement de mettre en œuvre des dépenses publiques massives, avec cette logique « du quoi qu’il en coûte » pour contrebalancer le choc du Covid. « Il y a eu une volonté de protéger le revenu des ménages et d’avoir ensuite une demande qui redémarre extrêmement vite », note ce spécialiste. Cette politique a donc eu pour conséquence d’engendrer un excès d’épargne pour de nombreux ménages. Excès qui devrait participer à la relance par la reprise de la consommation… « Globalement, il y a eu un stimulus énorme, constate Christophe Barraud. Les Etats-Unis ont un rôle leader là-dedans puisqu’ils ont mis en place trois stimulus : un premier de 2,2 trillions de dollars, puis 900 milliards en décembre, et 1,9 trillion en mars. Au total, cela représente 25 % de PIB nominal, ce qui est colossal. »

    Ce spécialiste a également rappelé que la totalité des ménages américains qui ont un enfant vont recevoir un chèque d’ici la mi-juillet. « Il y a manifestement une réelle volonté de maintenir une hégémonie économique et géopolitique aux États-Unis. Peu importe le prix que ça pourra coûter. Il y a toujours cet objectif d’être leader, de devancer la Chine et de les concurrencer le plus possible. » L’économiste a également souligné la politique monétaire « ultra-accommodante » dans les pays développés : le bilan combiné des banques centrales du G7 a ainsi augmenté de plus de 10 trillions de dollars en l’espace de 15 mois (entre février 2020 et mai 2021).

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